Réflexions pour donner suite à l’étude
Il est donc envisageable de mettre en place des solutions anticipées pour tenter de minimiser l’impact de ces infestations sur la santé mentale, notamment la diminution de la qualité de vie, l’augmentation de l’insomnie, et la présence de symptômes similaires aux troubles de stress post‑traumatique.
Ces solutions, pour être efficaces, ne peuvent être que pluridisciplinaires :
- Prévention / communication
Arriver le plus tôt possible sur une infestation simplifie considérablement le traitement et diminue donc l’impact potentiel de ces actions sur la santé mentale.
Pour augmenter considérablement le temps de réaction de l’habitant nous devons mieux l’informer !
C’est pourquoi, avec le projet « Oh punaises » créé à Lyon, nous axons nos actions sur la prévention et la médiation ! Ces actions, encore marginales, doivent être fortement développées pour avoir un impact significatif sur la population. - La pédagogie du prestataire qui va prendre en charge l’infestation
Pour être moins anxiogène, un traitement doit être expliqué à l’habitant (son fonctionnement, ses limites, ses contraintes, ses éventuels risques, ses avantages, les précautions à prendre…).
Le prestataire doit donc avoir une parfaite maîtrise des pesticides appliqués et doit prendre le temps de l’expliquer à l’habitant.
Nous avons conseillé à de nombreux bailleurs sociaux lyonnais d’inclure systématiquement dans leurs demandes d’interventions une « pré‑visite » explicative.
Cette « pré‑visite » permet de réaliser un diagnostic technique de l’infestation pour s’y adapter, un diagnostic social pour s’assurer que l’habitant qui va subir ces actions a la capacité de répondre aux attentes des traitements, et une phase d’explications des différentes étapes pour rassurer l’habitant et obtenir son adhésion. - Ne pas déconnecter une prise en charge « punaises de lit » d’un parcours de soins en cours
Certains habitants peuvent souffrir de comorbidités liées à l’âge, à un handicap ou à une pathologie chronique.
Ces difficultés peuvent être mises en évidence lors de la « pré‑visite » évoquée précédemment.
Lorsque ces difficultés sont présentes, le prestataire de traitement doit permettre à l’habitant d’informer son médecin traitant ou son coordinateur de soins, sur les actions envisagées et les produits qui risquent d’être appliqués dans son logement.
Le prestataire doit s’assurer de l’innocuité de ses traitements sur un habitant déjà fragilisé. Si le traitement envisagé n’est pas approprié, le prestataire doit adapter sa technique. - L’accompagnement du prestataire tout au long du traitement
L’habitant qui va subir le traitement n’est pas un professionnel de la lutte contre les punaises de lit. La quantité d’informations qu’il va recevoir en peu de temps peut être impressionnante.
Même si des documents supports peuvent être remis, il est important que, dans l’entreprise, une ligne téléphonique dédiée aux habitants soit présente pour répondre à leurs questions techniques, à leurs doutes ou à leurs angoisses liées notamment à la peur de « mal faire » ou « d’oublier » quelque chose.
Conclusions
Même si le prestataire de traitement n’est pas un soignant et qu’il ne peut pas à lui seul gérer toutes les difficultés de son client,
cette étude nous permet d’envisager des pistes d’améliorations dans nos prises en charge pour préserver les habitants de ces démarches qui peuvent être lourdes et complexes pour eux.
Avec le projet « Oh punaises » créé à Lyon et en partenariat avec le CHU du Vinatier et notamment le CLSM (centre local en santé mentale) des 3e, 6e et 8e arrondissements de Lyon, nous réfléchissons à la mise en place d’un parcours de soins facilité pour les publics les plus fragiles qui subissent une infestation de punaises de lit.